Two poems in French and English
A ma grand-mère et son jardin d’espoir
Quand j’ai quitté le foyer pour te
chercher, le soleil me blessait
les yeux, donc pendant plusieurs
jours je les couvrais des mains.
La chimiothérapie a pris
mes cheveux, et
les draps dans lesquels je me suis
enveloppé s’enfoncent
dans les grues et fouillis
des usines le long du bord
de l’eau. Une rangée
de gratte-ciel et leurs lumières
forment la toile quand enfin je
regarde à l’intérieur de ce qui reste
du fleuve, nos reflets
adoucis par les nuages qui dérivent
dans le ciel. Ici, tout est
dépouillé pratiquement jusqu’aux lignes
et ombres, et je
discerne ton image comme si
elle était peinte sur mon front,
les restes précieux
et ossifiés. Si je dessinais sur l’eau
avec du temps je pourrais
raccorder ces segments infimes
et droits, les joindre et les facetter
jusqu’à ce qu’ils paraissent
en courbe, jusqu’à ce que je me rappelle
nos rapports, le rythme
pizzicato de tes aiguilles
à tricoter. Plus loin en aval
où l’eau est lavande
pure, je me dis,
Continue à pousser ton
fauteuil roulant. A travers
un réseau claustrophobe
de plans abstraits, la terre
desséchée, crevasse, quelquefois
au bord de s’échapper de la pesanteur et transcender
l’affaiblissement du
monde matériel, je franchis autour des
têtes de poissons qui pourrissent aux bouts
de leurs arêtes sèches jusqu’à ce que, en laissant des traces
de mes cellules qui restent en couches de badigeons
légers afin que les palmes dans le fond
puissent être vues nettement
au travers des pétales de tulipes en avant,
j’entre ta cacophonie dessinée
assez librement de fleurs
et de légumes voluptueux où
la lumière dorée et les tons
de terre chauds atténuent la beauté
non naturelle de nos deux
morts apparemment contraires.
*
To My Grandmother and Her Garden of Hope
When I left home to search
for you, the sun hurt
my eyes, so for several
days I covered them with my hands.
The chemotherapy has
taken my hair, and
the sheets I wrapped myself in stick
in cranes and factory
clutter along the water’s
edge. A row
of skyscrapers and their lights
form the backdrop when I finally
look into what’s left
of the river, our reflections
softened by drifting overhead
clouds. Here, everything is
stripped practically to lines
and shadows, and I
discern your image as if
it were painted on my forehead,
the precious ossified
remains. If I drew in water
with time I might
connect minute straight
segments, join and facet
them until they appear
curved, until I remember
our relationship, the pizzicato
rhythm of your knitting
needles. Further downriver
where the water is pure
lavender, I tell myself,
Keep pushing your
wheelchair. Across
a claustrophobic network
of abstract planes, the earth
parched, cracked, at times
poised on the edge
of escaping gravity and transcending
the dullness of the
material world, I negotiate around
fish heads rotting at the ends
of their dried spines until, leaving traces
of my remaining cells in layers of thin
wash so palm leaves in the background
may be seen clearly
through tulip petals up front,
I enter your loosely defined
cacophony of voluptuous
flowers and vegetables where
the golden light and warm
earth tones mitigate the unnatural
beauty of our two seemingly
opposite deaths.
* * *
Aussi bleu que du sang non oxygéné
Le matin arrive clair et mesuré
Comme si la méchanceté
N’était jamais née
Cela seul prend cinq semaines
Le dessin régulier de taches dans ton sommeil
Rendu dans les contours blancs
Tranquille à l’exception d’une certaine part de honte
Si bruyante que tu te demandes où
L’océan est
Une demi-douzaine de tortues te regardent avec curiosité
Avant de s’en aller en bondissant au galop ralenti
Comme une cadence sur une portée
Claire de musique, cette goutte d’eau
Aurait dû avoir déjà improvisé un orage
Le ciel comme cuivre
La terre percussion
Une déesse unijambiste gagne
Son sourire sculpté
Tu commences à voir ce qui est relié à quoi
Comme un ingénieur subdivise les arches sous un pont
Et la sécheresse de la terre
Au-dessous pourrait être déterminée
En longueurs d’ondes visibles et infrarouges
Intérieurs caverneux de temples
Où des flots de lumière tombent
En angles faux
Tu as le sentiment que
Ce qui précède ces chutes ne sera pas
Toujours syncopé avec des dobermans
Qui anticipent le rythme
La nuit arrive une armure gris clair
Comme si tu n’avais jamais été chantée
T’adapter à la dilatation de tes poumons
Prend plus de temps que le remplissage
De ces milliers de petits trous
*
Blue as Unoxygenated Blood
Morning comes clear and measured
As though wickedness
Had never been born
This alone takes five weeks
The regular pattern of spots in your sleep
Rendered with white outlines
Quiet save for a certain element of shame
So loud you wonder where
The ocean is
A half-dozen turtles stare at you curiously
Before loping off in slow-motion gallops
Like a cadenza on a clear
Staff of music, that water-drop
Ought to have improvised a storm by now
The sky like brass
The earth percussion
A one-legged goddess earns
Her sculpted smile
You start to see what’s connected to what
The way an engineer subdivides arcs under a bridge
And the ground’s dryness
Underneath could be determined
In visible and infrared wavelengths
Cavernous temple interiors
Where streams of light fall
At wrong angles
You get a feeling
What precedes these descents will not
Always be syncopated with dobermans
Anticipating the beat
Night comes a light gray weave
As though you had never been sung
Adjusting to expanding your lungs
Takes longer than filling in
Those thousands of tiny holes
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Author’s note: I would like to thank the Concord Presbyterian Church and Ed Pfeiffer for helping me record my poems. Their willingness to assist in this project was invaluable.
Laura Merleau’s poetry has recently been featured in Sweet, The Los Angeles Review, and Ragazine. An excerpt from her play Bipolar Order appeared in the September 2010 issue of Muse.
Beautiful! Loved it!
Yes, two very fine poems, thank you, Laura.